Ce n’est un secret pour personne : le Venezuela vit aujourd’hui la crise la plus profonde de son histoire. Pour la quatrième année consécutive, le pays détient le record mondial de la plus haute inflation Inflation Hausse cumulative de l’ensemble des prix (par exemple, une hausse du prix du pétrole, entraînant à terme un réajustement des salaires à la hausse, puis la hausse d’autres prix, etc.). L’inflation implique une perte de valeur de l’argent puisqu’au fil du temps, il faut un montant supérieur pour se procurer une marchandise donné. (estimée autour de 2 616% en 2017). [1] En janvier 2018, elle a atteint 95%. L’inflation annualisée a été de 4 520% (5 605% pour les aliments selon Econométrica) [2]. Le pays est ainsi entré de plein pied dans un processus d’hyperinflation Hyperinflation Le phénomène de l’hyperinflation correspond à une inflation excessivement élevée et incontrôlable. On parle réellement d’hyperinflation lorsque les prix augmentent de plus de 50% par mois. Les pays y étant confrontés sont généralement conduits à une crise monétaire et économique. et assiste avec stupeur à la hausse quotidienne des prix.
Le Venezuela enregistre en plus un déficit fiscal Déficit fiscal Différence entre les dépenses et les recettes de l’Etat, ces dernières étant inférieures. à deux chiffres (au moins pour la sixième année consécutive), l’indice « risque pays Risque pays Le risque pays est la probabilité qu’un pays assurera le service de sa dette externe. Il est évalué par 3 agences de notations (Moody’s, Standard &Poors et Fitch) qui conférent une note qui influence les taux d’intérêt. Plus le pays est considéré comme susceptible de ne pas payer plus les taux d’intérêt de ses prêts sont élevés. » le plus élevé au monde, un niveau de réserves internationales Réserves internationales Les réserves de change sont des avoirs en devises étrangères et en or détenues par une banque centrale. le plus bas des vingt dernières années (moins de 9,3 milliards $) et souffre d’une colossale pénurie de biens et services essentiels (aliments et médicaments). La valeur du dollar parallèle Dollar parallèle Depuis 2003, le Venezuela pratique un contrôle des changes. Un marché parallèle s’est développé pour acquérir les précieux billets verts. [3] (qui sert à fixer presque tous les prix de l’économie) a crû de plus de 2 500% en 2017, ce qui a littéralement désintégré le pouvoir d’achat de la population. [4]
Ce sinistre panorama fait du Venezuela le meilleur « argument » pour les droites les plus rétrogrades. Dans la sphère médiatique, ils sont nombreux à exploiter la situation vénézuélienne pour faire peur à leurs compatriotes avec des questions du genre : « Vous voulez le socialisme ? Allez au Venezuela et regardez-y la misère ! ». « Vous aspirez au changement ? Regardez comment une autre révolution a détruit un pays prospère ! ». Ces pseudo analystes affirment que les politiques socialistes ont ruiné le pays et que la solution est un changement de cap ultralibéral.
L’intention de cet article est de montrer que la politique économique bolivarienne est loin d’être « socialiste » et ni même « développementiste ». Ce que l’on observe est un sévère processus de désindustrialisation en faveur d’une caste importatrice et financière qui, tout en tenant un discours enflammé et en développant un solide clientélisme populaire, a accéléré drastiquement la phase récessive du cycle économique capitaliste d’un processus national d’accumulation de capital basé sur l’appropriation de la rente issue de l’exportation des hydrocarbures.
Le cycle économique et le boom des matières premières
Le cycle économique vénézuélien peut être analysé au travers des variations interannuelles du Produit intérieur brut
PIB
Produit intérieur brut
Le PIB traduit la richesse totale produite sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Le Produit intérieur brut est un agrégat économique qui mesure la production totale sur un territoire donné, estimée par la somme des valeurs ajoutées. Cette mesure est notoirement incomplète ; elle ne tient pas compte, par exemple, de toutes les activités qui ne font pas l’objet d’un échange marchand. On appelle croissance économique la variation du PIB d’une période à l’autre.
(PIB). Sur le graphique n°1, on constate de fortes altérations dans le rythme de la croissance de l’économie, avec des cycles soutenus de hausse et de baisse, qui sont le reflet des fortes variations du prix du pétrole et déterminent la volatilité extrême de la production. L’ « or noir » a représenté environ 95% des exportations au cours des années de boom des prix du baril (2012) et près de 65% dans les années de baisse (1998) [5]. Cela signifie que quand la rente est faible, les hydrocarbures fournissent un revenu similaire à celui d’une production industrielle normale.
On peut également observer sur le graphique n°1 que les cycles de récession de l’économie commencent à se multiplier à partir des années ‘80. Ladite « crise de la dette » a fortement influencé les premières années de cette période. Elle a étranglé de nombreux pays dans le contexte d’une forte chute de l’indice des prix des commodities [matières premières, NDLR]. Au cours de la première année du gouvernement Chávez (1999), le PIB a fortement baissé. Une chute attribuée au bas prix du pétrole mais due peut-être aussi à l’incertitude entourant l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement promettant de grands changements. Par la suite, les prix modérés du pétrole se sont entrecroisés avec le coup d’État, qui le 11 avril 2002 a écarté durant deux jours le président Hugo Chávez, et un lock-out patronal massif [décembre 2002-janvier 2003, NDLR] auquel participèrent presque tous les chefs d’entreprise locaux. Le PIB exceptionnellement bas de 2003 répond donc plus à des facteurs extra-économiques - on dira politiques – qu’à des raisons proprement économiques. En contre coup, 2004 est une année de rebond, avec un énorme pic de croissance.
Le graphique n°1 montre également qu’entre 2005 et 2008, la croissance a atteint des taux très élevés (une moyenne de 8%), sous l’impulsion d’un fabuleux boom de la rente pétrolière qui a triplé le revenu issu des exportations d’hydrocarbures. L’« âge d’or » économique a coïncidé avec une offensive du mouvement politique bolivarien qui a commencé à parler de « socialisme du XXIe siècle », a lancé des plans d’intégration commerciale (l’ALBA
ALBA
ALBA-TCP
L’ALBA, ou l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique, est une organisation politique, sociale et économique de coopération entre des pays de gouvernements progressistes d’Amérique latine et des Caraïbes. Elle est née en 2005 à l’initiative de Cuba et du Venezuela, comme alternative à l’ALCA (ZLEA en français, Zone de libre-échange des Amériques, alors impulsée par Washington).
) et a initié un processus de nationalisation de plusieurs grandes entreprises industrielles et de services, dans des secteurs comme le ciment, l’acier, les télécommunications, la banque et l’exploitation minière. Mais la chute brutale des prix fin 2008 et tout au long de l’année 2009, conséquence de la crise mondiale de 2007-2008, a freiné brusquement de plus grandes ambitions politiques. En 2011, la croissance économique est revenue grâce à une nouvelle augmentation du prix du pétrole, qui est passé de 35 $ le baril (2009) à 120 $ entre 2011 et 2013. Mais en 2014-2015, le prix rechute. Même s’il est encore cinq à six fois plus élevé que celui observé au début des années 2000, il apparaît insuffisant à cause du rythme croissant des dépenses gouvernementales et l’hypertrophie des importations. C’est à partir de ce moment-là que les importations commencent à diminuer, que l’offre de biens et services chutent et que les résultats du processus de désindustrialisation se font visibles. En effet, la ferveur importatrice fut telle que l’Etat a subsidié (avec la surévaluation du taux de change [6]) 99,9% des importations de produits tels que le lait liquide, le ciment ou l’essence, sans parler des ouvriers (chinois) pour construire des logements.
L’expansion rentière a duré un temps exceptionnellement long et, avec elle, les maux qu’entraînent les soubresauts soudains du revenu pétrolier se sont approfondis. Les parts de l’industrie et de l’agriculture dans l’économie ont chuté à cause d’un taux de change grossièrement surévalué. [7] Les importations sont devenues extrêmement bon marché, dissuadant tout effort productif industriel ou agricole. Cette politique n’a rien à voir avec le « socialisme » inspiré de Karl Marx. L’État et les chefs d’entreprise se sont mis à exporter la rente pétrolière via une hausse d’importations fortement subsidiées. La fuite des capitaux Fuite des capitaux Procédé par lequel les détenteurs de richesses déposent leurs fonds ou leurs biens dans des établissements financiers situés à l’étranger (« offshore »), plutôt que dans ceux de leur pays de résidence. Il en résulte que ces biens et leurs revenus ne sont pas déclarés dans le pays de résidence des contribuables concernés. a explosé ainsi que l’endettement extérieur à de coûteux taux d’intérêt (pour exporter la rente future).
Comment la rente pétrolière s’est évaporée en importations
La pénurie de biens essentiels est aussi la conséquence d’une importante exportation de capitaux qui a affaibli la capacité d’investissement productif, grâce à une énorme surévaluation de la monnaie. Cette politique monétaire n’est rien de plus qu’un inconcevable transfert de rente pétrolière depuis l’« État socialiste » [qui capte donc la rente issue de l’exportation du pétrole, NDLR] vers les importateurs, qui ont reçu beaucoup plus de dollars que ce qu’ils auraient du obtenir pour les bolivars déboursés. Cela signifie que chaque fois que le gouvernement vendait 10$, il en offrait au moins 9,5. Ce transfert lucratif de rente au secteur privé est la plus coûteuse et nuisible affaire que l’on puisse imaginer pour la nation. Pire, les achats de marchandises achetées avec un dollar presque offert ont été en grande partie des fraudes massives, puisque la majorité de ces marchandises ne sont jamais arrivées dans le pays.
Sur le graphique n°2, on peut observer en détail que l’énorme croissance des revenus issus des exportations, facilitée par la multiplication du prix du pétrole par dix, s’est accompagnée d’un essor faramineux des importations. En 2003, celles-ci étaient d’environ 14 milliards $ (valeur CIF
Coût, assurance et fret
CIF
Coût, assurance et fret (CIF, anglais : Cost Insurance Freight, CIF)
[8]). En 2012, elles atteignaient les 80 milliards $. [9] Même si 70% de ces importations étaient normalement destinées à de l’investissement productif, cela ne s’est pas traduit par une augmentation de la production. Le rythme de la croissance des importations de 457% (valeur CIF) entre 2003 et 2012 semble excessif et ne montre aucune intention d’épargne en prévision d’une chute attendue des prix du pétrole. De fait, la croissance des exportations durant la même période fut de 257%, bien en dessous de celle des importations.
Si l’on observe les termes de l’échange appliqués aux exportations non pétrolières vénézuéliennes, on se rend compte que le prix payé pour chaque kilo de marchandise exporté a augmenté d’à peine 11% (1998-2014), ce qui ne permet donc pas d’expliquer une augmentation aussi forte du prix des importations. [10] Plutôt que de favoriser l’industrie nationale – publique ou privée -, le gouvernement a préféré répondre aux divers besoins à coup d’importations massives. Par exemple, le secteur public a augmenté ses importations de 1 033% entre 2003 et 2013 avec des croissances annuelles qui ont atteint les 51% (2007) au lieu d’investir dans la création de ses propres entreprises.
La fraude à l’importation
Les importations frauduleuses représentent une part importante de l’exportation de la rente pétrolière. Dans un autre travail, j’ai expliqué ce mécanisme. [11] Je n’en ferai ici qu’un résumé centré sur un secteur essentiel : la viande. La croissance de ses importations entre 2003 (début du contrôle des changes) et 2013 fut de 17 810%. Oui, oui, plus de 17 000 %. Ce qui est incroyable, c’est que la consommation nationale moyenne de viande a diminué de 22% durant la même période, comme je l’ai expliqué dans un travail consacré spécifiquement à l’importation de produits carnés. [12] Le montant des importations est passé de 100 millions $ à plus de 1,7 milliards. Inutile de préciser que depuis des mois on ne trouve plus régulièrement de viande dans les supermarchés. Par ailleurs, on constate qu’entre 1998 et 2013, les importations (valeur FAB [13]) d’animaux vivants (bétails, etc.) fut de 2 280%. Pour la même année, la valeur FAB des exportations d’animaux vivants a baissé de 99,78% (seulement 4300 $). [14] On se souviendra aussi du célèbre cas des « fabuleuses » tondeuses à gazon à 12 000 $ et de vieilles machines pour l’abattage à la chaîne de poulets d’un valeur de 2 millions $ : quand les douaniers ont contrôlé le conteneur, ils n’ont trouvé que des outils oxydés. [15] La célèbre entreprise de consultance Ecoanalítica a calculé que de 2003 à 2012, 69,5 milliards $ furent volés moyennant des importations frauduleuses. Des exportateurs de la zone franche de Panamá « ont facturé » 1,4 milliards $ pour des envois au Venezuela. Selon des fonctionnaires panaméens, 937 millions $ de ce montant étaient frauduleux. Les entreprises facturaient des produits inexistants. Dans un autre cas documenté, une entreprise qui importait de l’équipement agricole a déclaré un coût de 477 750 $ pour une machine à dégrainer le maïs qui en valait en fait 2 900. [16]
Pour synthétiser (encore plus) les politiques économiques bien éloignées du socialisme, on peut affirmer brièvement que :
- Les nationalisations ont été en général de juteuses affaires pour la bourgeoisie locale. Dans la grande majorité des cas, le prix payé par l’État a été élevé pour des entreprises techniquement obsolètes. Le cas de la Banque du Venezuela est significatif : l’État a payé 1,05 milliard $ pour acquérir 51% des actions alors que le groupe Santander l’avait achetée pour moins de 300 millions $.
- La très nécessaire « réforme des impôts » n’a pas encore été menée. Selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), La Bolivie et l’Argentine sont les pays ayant en moyenne augmenté le plus leurs rentrées fiscales - respectivement de 20,6% et de 18,8% - par rapport au PIB alors que le Venezuela a connu une baisse de 4,5%. [17]
- La fragmentation du capital dans des dizaines d’institutions financières sous-capitalisées à l’inefficacité notable est une autre politique bien éloignée du socialisme. Le fractionnement du secteur bancaire public s’est accompagné d’un politique d’octroi de crédits bon marchés qui entre en contradiction avec la thèse délirante de la « guerre économique
Guerre économique
C’est la thèse du gouvernement de Nicolas Maduro pour expliquer la crise économique. Le secteur privé en alliance avec des pays hostiles à la « révolution » mèneraient une guerre économique contre le Venezuela.
». En effet, si le gouvernement affirme que les chefs d’entreprise sabotent l’économie en baissant leur production, en augmentant les prix ou en cachant leurs produits, il est absurde et contradictoire qu’il finance ces mêmes patrons avec des crédits millionnaires aux taux d’intérêt négatifs. Comment justifier ces généreux cadeaux à ceux qui lui mènent selon lui la « guerre économique » ?
Les exemples de ces cadeaux (en plus d’un taux de change préférentiel) sont nombreux. Le vice-président a récemment expliqué que « l’objectif est d’injecter au premier semestre 2018 10 milliards de bolivars en crédits, ce qui représentera presqu’un tiers du budget national » [18]. Le gouvernement prête aussi des dollars à la bourgeoisie : l’entreprise Nestlé a reçu un crédit de 9 millions $ et Ron Santa Teresa de 4 millions $. [19] Il y a peu, Maduro a approuvé lors de la clôture de l’expo Venezuela Potencia l’octroi d’un autre crédit pour 25 millions $ à différentes entreprises vénézuéliennes. - Le PIB industriel a enregistré une croissance notable (2004-2008) pour ensuite décroître et revenir à des niveaux en dessous de celui de 1997, une situation préoccupante qui pourrait être considérée comme paradoxale à première vue, puisqu’au cours des années de croissance élevée (2004-2008), l’importation de machinerie et d’équipements industriels (formation brute de capital fixe) a été multipliée par cinq. Un processus public d’industrialisation massif et à grande échelle est la base de tout gouvernement se prétendant développementiste ou socialiste, mais au Venezuela c’est tout le contraire qui s’est passé. Jusqu’à février 2018, beaucoup de données officielles sur la production industrielle s’arrêtaient en 2011. Si on analyse des chiffres récents de la production automobile, on constate un recul extraordinaire. Entre 2007 et 2015, la production s’est effondrée de 89% ; les chiffres de 2015 sont presque revenus à ceux de 1962 quand est née officiellement l’industrie automobile avec l’assemblage de 10 000 véhicules. D’une production de 172 418 unités en 2007, on est passé en 2015 à 18 300 unités. [20] Le plus bas niveau en 53 ans. Selon des données de la Chambre automobile du Venezuela et de la Fédération vénézuélienne du secteur des pièces détachées automobiles, l’assemblage de voitures a encore chuté pour atteindre 2 695 unités, 83% de moins qu’au cours des mêmes 11 mois de 2015. [21]
Salaires, appauvrissement et perspectives
Pour résumer rapidement, on constate qu’il ne s’agit pas ici de mesures économiques inspirées des textes de Marx ou de la Révolution russe. En analysant certains aspects, on constate que la politique économique bolivarienne n’a rien à voir avec un changement révolutionnaire anticapitaliste ni avec une métamorphose des relations sociales de production. Le proceso bolivarien n’a été qu’une variante des politiques économiques propres au « rentisme pétrolier », expérimentées au cours du premier gouvernement de Carlos Andrés Pérez (1974-1979). Les composants idéologiques, antiimpérialistes et anti-entreprises de nombreux discours trompent la majorité des analystes qui étudient les allocutions présidentielles et pas les politiques sur le terrain. Même si le gouvernement bolivarien a augmenté les dépenses sociales, a nationalisé des entreprises, a développé des politiques de transfert direct aux plus pauvres et a subsidié des services publics, l’orientation principale de sa politique économique n’a été rien de plus que la poursuite de l’appropriation parasitaire de la rente pétrolière et de son gaspillage, avec une escalade de politiques de contrôle qui n’ont eu que pour résultat d’accélérer la destruction de l’agriculture, de l’industrie et du commerce au profit du capital importateur et financier et de l’engraissement d’une caste militaire et bureaucratique très corrompue qui pille largement la nation, au point de l’appauvrir à des niveaux jamais atteints sous nos latitudes.
Le dernier graphique montre le résultat direct de la politique de spoliation de la rente moyennant la surévaluation de la monnaie et l’émission d’argent inorganique [22] (le gouvernement a augmenté la base monétaire [23] de plus 2 500 000% entre 1999 et 2018) afin de permettre des dépenses publiques à des fins clientélistes. Le graphique n°3 reflète la chute entre 2016 et 2017 des revenus minimums mensuels (le salaire plus les bons d’alimentations) dont bénéficient les travailleurs.
La gauche au niveau mondial n’a pas à se taire ni à développer des arguments loufoques et ataviques pour se défendre afin de « ne pas imiter la droite » dans une analyse rigoureuse du processus national d’accumulation de capital au Venezuela. La gauche doit critiquer les gouvernements progressistes avec la même sagacité et acuité que des régimes ouvertement de droite et anti-ouvriers. Il n’y pas de raison d’ignorer l’importance des problèmes qui se posent dans ces pays. Elle ne doit pas hésiter à faire des propositions astucieuses et cela passe objectivement par l’analyse et la critique dialectique et pas par des discours. Si le Titanic a coulé, il ne faut pas nier le naufrage au nom de la solidarité et de l’anti-impérialisme.